L'intolérance aux sons de forte intensité – l'hyperacousie – a un caractère subjectif qui complique le diagnostic et la recherche sur ce trouble de l'audition. En effet, il faut s'en remettre aux auto-évaluations des personnes touchées par ce problème pour établir dans quelle mesure il interfère avec leurs activités quotidiennes. Un protocole expérimental mis au point par des chercheurs de l'Université Laval pourrait toutefois enlever une part de subjectivité à cet exercice, suggère un article qui vient de paraître dans la revue scientifique Hearing Research.
L'hyperacousie toucherait entre 4% et 17% de la population adulte. «C'est de plus en plus reconnu comme un trouble de l'audition, même s'il n'y a pas de consensus scientifique quant à sa définition», rappelle le responsable de l'étude, Philippe Fournier, professeur à l'École des sciences de la réadaptation et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et en intégration sociale de l'Université Laval.
L'hyperacousie peut avoir des répercussions importantes dans la vie quotidienne. «Cette condition peut interférer avec le travail, les loisirs et les relations interpersonnelles. Certaines personnes en viennent à porter constamment des protecteurs d'oreilles pour atténuer les sons. D'autres évitent carrément les salles de spectacles, les restaurants ou les autres environnements bruyants. Dans les cas les plus graves, appelés hyperacousie douloureuse, les gens disent ressentir une brûlure, un déchirement ou une décharge électrique à l'intérieur ou à l'extérieur de l'oreille lorsqu'ils sont exposés à des sons de forte intensité.»
On ne sait pas encore ce qui cause l'apparition et le maintien de l'hyperacousie. «On sait toutefois que les personnes qui en souffrent n'ont pas une audition supérieure à la moyenne. Au contraire, elle est généralement associée à une audition dans la moyenne et peut apparaître en raison de perte auditive. De plus, quelques études épidémiologiques ont rapporté que sa prévalence était plus forte chez les personnes âgées», signale le chercheur.
Il n'existe pas de traitement reconnu contre ce trouble de l'audition, poursuit-il. «Les traitements psychologiques peuvent aider à composer avec les pensées et les émotions négatives, et à promouvoir une exposition progressive aux sons problématiques, mais ils ne guérissent pas le trouble.»
