LETTRE OUVERTE OOAQ_AQOA
15 mars 2024
Un article paru récemment dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec présentait les craintes de plusieurs actrices et acteurs du secteur de l’audioprothèse face à une pénurie de main-d’œuvre pour la vente de prothèses auditives, alors que la demande pour ces appareils ne cesse d’augmenter et que les inscriptions aux programmes collégiaux diminuent.
Pourtant, une solution existe. Les audiologistes tendent la main aux audioprothésistes avec la volonté commune d’améliorer la santé auditive de la population québécoise. En toute collaboration, ces professionnelles et professionnels pourraient poser et distribuer des appareils auditifs aux côtés des audioprothésistes. Les audiologistes détiennent une maîtrise universitaire et possèdent déjà la formation et les compétences pour exercer toutes ces activités.
C’est d’ailleurs ainsi dans les autres provinces canadiennes et aux États-Unis. À titre comparatif, en Ontario, le nombre de personnes autorisées à poser et distribuer les appareils auditifs est estimé à 3000, soit 6 fois plus qu’au Québec pour une population d’un peu moins du double.
Un frein
Un frein législatif majeur empêche toutefois ce scénario de se réaliser. En effet, la vente de prothèse auditive est une activité réservée à une seule profession, celle d’audioprothésiste. Bien que les audiologistes, spécialistes de l’audition, exercent déjà au sein du système de santé, elles et ils ne peuvent que prescrire et ajuster. Cette situation unique au Québec est due au Code des professions, un texte législatif qui, rappelons-le, célébrait dernièrement son cinquantième anniversaire. Inutile de dire que les besoins en matière de santé et d’accès aux soins et services ont bien changé en quelques décennies.
Augmenter rapidement les effectifs
Actuellement, le Québec compte 500 audiologistes. En permettant à ces professionnelles et professionnels de distribuer des prothèses auditives, cela viendrait augmenter significativement et rapidement les effectifs, tout en améliorant le continuum de soins. À cela, ajoutons que depuis 2022 le nombre de diplômées et diplômés en audiologie a doublé.
Déficience auditive : bientôt une personne sur quatre
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, une personne sur quatre vivra avec une perte auditive d’ici 2050. Il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique et le Québec n’y échappera pas! Aujourd’hui, c’est 864 000 Québécoises et Québécois qui présentent une déficience auditive permanente, soit 10 % de la population. C’est l’une des déficiences physiques les plus répandues. Environ 32 % des personnes âgées de 65 ans ou plus ont une déficience auditive suffisamment importante pour nuire à leurs activités quotidiennes. Une déficience auditive non traitée entraine des conséquences négatives pour la santé : augmentation du risque de démence, fatigue cognitive, isolement social, diminution de la qualité de vie et des activités, détresse psychologique, anxiété, risque de chute, perte d’emploi, etc. Tout cela engendre des coûts importants et évitables pour notre système de santé. Un meilleur accès aux appareils auditifs ferait une réelle différence. Il serait possible d’améliorer les continuums de soins et de services et ainsi influencer durablement et positivement les conditions de vie des personnes tout en réduisant la demande et l’intensité des soins et services, et les coûts qui en découlent. Une solution simple existe, mais elle demande du courage et une volonté politique. Alors que de grands travaux pour l’élargissement des pratiques professionnelles sont en cours en marge du Plan Santé, le gouvernement du Québec doit saisir l’opportunité et agir rapidement pour la santé auditive de la population.
Cosignataires :
Paul-André Gallant, orthophoniste et président de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec
Marie-Philippe Rodrigue, orthophoniste et présidente de l’Association québécoise des orthophonistes et audiologistes
Jérémie Duval, audiologiste et directrice de la qualité de la pratique de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec
Marie-Ève Beaulieu, audiologiste et représentante en audiologie de l’Association québécoise des orthophonistes et audiologistes
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
19 janvier 2024
MONTRÉAL, le 19 janvier 2024 - L’Association québécoise des orthophonistes et audiologistes (AQOA) exprime sa déception face aux propositions de la nouvelle entente de principe du Front commun, en particulier en ce qui concerne les augmentations salariales, la différence des conditions face à nos collègues spécialistes, ainsi que le remboursement des frais de l’Ordre réservé aux orthophonistes et audiologistes à temps complet.
En effet, les membres de l'AQOA auraient espéré une augmentation salariale plus substantielle, comparable à celle accordée aux enseignant.e.s, afin de rattraper le retard accumulé. Avec une proposition de 17,4 %, l'écart persiste, et le faux discours, qualifiant notre groupe professionnel de « petit », ne reflète pas l'importance du rôle des orthophonistes et audiologistes dans le réseau de l’éducation et de la santé. La qualité des services que nous offrons ne devrait pas être sous-estimée en raison de notre nombre restreint.
« Nous sommes déçu.e.s de constater que nous avons été négligés jusqu'à présent dans ces négociations, affirme Marie-Philippe Rodrigue, présidente du conseil d’administration de l’AQOA. Nos professions sont essentielles, et nous méritons une reconnaissance adéquate de notre contribution au système d'éducation et de la santé. Il est temps de reconnaître la valeur de notre travail, d’agir pour améliorer nos conditions et de réaffirmer notre rôle si important dans la santé de notre société. »
Il est souvent question de l’exode vers le secteur privé, mais l’AQOA désire mettre en lumière l'exode de la profession en raison d’un manque de valorisation dans le secteur public. Les enseignant.e.s clament le manque d'aide, de l’aide que les orthophonistes et audiologistes peuvent offrir, mais malheureusement qui n'est pas valorisée dans l’entente de principe.
En second lieu, l'AQOA souligne également le traitement privilégié réservé aux psychologues, alors que des demandes similaires pour nos professions ont été rejetées sous prétexte de notre nombre. Cela soulève des questions sur l'équité dans le traitement des diverses professions au sein du Front commun.
Pour ce qui est du remboursement des frais annuels de l’Ordre, l'AQOA souligne que cette avancée reste insuffisante dans le contexte actuel des négociations du secteur public. Il est injustifiable de ne pas reconnaître le travail des orthophonistes et des audiologistes à temps partiel alors que les frais annuels sont fixes et obligatoires pour pratiquer la profession.
Ensemble, nous désirons réaffirmer notre engagement envers notre profession et continuer à consacrer nos énergies pour améliorer la vie des enfants. Écoutons la différence. Faisons la différence.
À propos de l’Association québécoise des orthophonistes et audiologistes
L’Association québécoise des orthophonistes et audiologistes (AQOA) est un organisme à but non lucratif dont le mandat est de promouvoir les intérêts de ses membres, notamment en veillant à la reconnaissance de l’orthophonie et de l’audiologie au Québec. L’AQOA consacre des efforts à la promotion des champs de pratique et au développement de l’emploi en orthophonie et en audiologie dans les secteurs public et privé. Parce que la force d’une association professionnelle est proportionnelle au nombre de ses membres, l’AQOA a aussi le mandat de rassembler le plus d’orthophonistes et d’audiologistes possible aux quatre coins au Québec.
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